Recherches






Mes recherches portent sur l'histoire culturelle de l'État et de ses administrations, les bureaux de l'écrit en guerres civiles et l'histoire du droit et des institutions à la Renaissance. Je m'intéresse notamment aux opérateurs de politisation que sont les secrétaires de la première modernité, progressive société administrative, relativement homogène et formant la pointe avancée de la société politique. Ces administrateurs constituent, avec leurs homologues des puissances alliées et adverses, une première république européennes des bureaux.

Dans mon livre, L'État à la lettre. Écrit politique et société administrative en France au temps des guerres de religion (vers 1560 - vers 1620) [2022, Champ Vallon], je traite de l'implantation, dans l'immédiat entourage du souverain, de bureaux spécialisés dans le maniement, la projection et la réception de l'information politique. Ces bureaux, peuplés d'hommes relativement nouveaux dans les systèmes curiaux, sont des opérateurs de politisation et de luttes factionnelles entre les différents camps qui s'opposent, en France et en Europe, durant les conflits confessionnels du XVIe-premier XVIIesiècles. Ils modifient, dans le quotidien de leur pratique, non seulement la manière d'exercer le pouvoir mais forgent aussi une théorie politique nouvelle, au fondement de la monarchie administrative qui émerge véritablement dans la seconde modernité.

Ainsi, s'intéresser à ce que l'État fait de l'écrit et ce que l'écrit fait à l'État n'est pas qu'un basculement rhétorique, c'est également la condition pour comprendre l'économie générale de ce qui se joue pendant les guerres de Religion : temps de chaos et de bouleversement, ce fut également une des séquences politiques les plus riches du point de vue institutionnel, dans la pratique mais aussi dans la théorie politique.

Je m'attache actuellement à faire une histoire des discours que l'administration tient sur elle-même, ses pratiques comme sa position dans les agencements institutionnels.

Ces recherches s’inscrivent dans un projet global, soutenu par le F.R.S.-FNRS : Médiatisation et objectivation du pouvoir. La représentation des administrateurs de l'écrit politique (France, Pays-Bas espagnols. Vers 1540-vers 1650).

Outre ce projet principal, j'inscris mes recherches dans deux autres groupes internationaux : l'un se dédie à l'anthropologie politique et religieuse de la parole à l'époque moderne (Uni. Luxembourg, Uni. Genève, ULiège); l'autre est consacré à l'histoire et à l'anthropologie de l'État (groupe de contact F.R.S.-FNRS).

Descriptifs des projets de recherche en cours

Cette section détaille les projets post-doctoraux individuels et collectifs que j’ai mis en œuvre après la soutenance de ma thèse de doctorat en 2017. Je souhaite mettre les collaborations nouées au cours de ces projets comme les compétences acquises (y compris en termes logistiques et administratives, de demandes de subsides, de communication et de promotion des activités) au service du laboratoire d’accueil.

a. Projets individuels

1. Médiatisation et objectivation du pouvoir. La représentation des administrateurs de l’écrit politique (France, Pays-Bas espagnols. Vers 1540-vers 1650) – Mandat post-doctoral de chargé de recherches du F.R.S.-FNRS (2022-2025), concours international 

Le projet, encadré par les professeurs Ralph Dekoninck (UC Louvain/GEMCA) et Alain Marchandisse (ULiège/Transitions) entend réaliser une étude inédite de l’expression du travail des administrateurs de l’écrit politique dans l’iconographie des XVIe-XVIIe s. en France et dans les Pays-Bas espagnols. Je souhaite croiser les sources manuscrites et imprimées qui montrent la lente croissance du phénomène pré-bureaucratique au sein de ces monarchies administratives et la production artistique où se révèlent la présence des activités d’écriture comme celle des administrateurs de l’écrit. Cette approche originale permet de saisir finement les phénomènes de rupture, de transfert de modèles et de continuités de part et d’autre des césures classiques que sont les changements de règnes, les basculements dynastiques, les moments de conflits et de paix. L’hypothèse principale du projet est la suivante : les activités d’écriture et les administrateurs sont davantage représentés une fois que la position socio-politique de ce nouveau personnel est fermement établie au sein des agencements de pouvoir. Les secrétaires des années 1540 sont des agents techniques, de tout premier plan, quand ceux des années 1650 sont de véritables ministres, premiers conseillers du prince. Or, on observe une polarisation dans la manière de les représenter : au début de la période, les secrétaires sont représentés comme des nobles, des courtisans tandis qu’à la fin de la période, ils sont à leur table de travail, les mains comme noircies de tenir la plume nuit et jour. C’est le paradoxe de cette forte polarisation dans la représentation qu’il convient d’interroger afin de restituer ce qu’est le discours que les monarchies administratives tiennent sur elles-mêmes au moment de ce changement majeur dans la manière d’exercer le pouvoir. Je questionnerai également la révolution symbolique dans la représentation des activités d’écriture, associées à des valeurs positives au sortir des guerres du second XVIe s., ainsi que les stratégies visuelles des membres de ce nouveau groupe élitaire, celui des hommes de l’écrit politique.


2. Le spectacle des arcanes. Images, pouvoirs et administrations dans l’Europe de la première modernité – Projet de recherche soumis au CNRS dans le cadre du concours de chargé de recherches (en cours)

Le projet de recherche entend réaliser une étude inédite des stratégies visuelles de l’État, des pouvoirs et des administrations de la première modernité en Europe. Centrée sur les représentations où entrent en jeu l’écrit politique, les gestes de l’administration, la matérialité des outils et des objets de l’écrit, les traces des procédures de négociation et de prise de décision, l’étude a l’ambition de contribuer au profond renouvellement de l’anthropologie historique des pouvoirs et de l’histoire des archives et de l’information, dans une perspective transdisciplinaire qui convoque l’anthropologie de l’écriture, l’histoire des images, l’archivistique et la sociologie historique. Au surplus, l’étude entend prolonger, pour la première modernité, les analyses heuristiques de la lente montée en puissance tardo-médiévale des administrations de l’écrit, des institutions implantées dans les entourages souverains lors du déclenchement des conflits civils et géopolitiques de forte intensité de la première modernité. Ainsi, c’est à une contribution décisive que nous nous proposons de parvenir, pour saisir finement et grâce à l’iconographie des pouvoirs, les institutions de l’écrit dans leur dimension politique et administrative, des premières années du XVIe siècle jusqu’aux premières années du XVIIIe siècle, en opérant un focus sur les espaces français, helvétique, espagnol, anglais et flamand. Restituant le caractère concret du travail politique et administratif des autorités publiques en étudiant les stratégies visuelles déployées par les hommes de l’écrit politique, nous souhaitons combler, notamment pour l’espace français, un aspect central de l’historiographie de la première modernité. L’analyse de la structuration, par et dans l’image, de la machinerie complexe de l’État moderne et de ses arcanes, est la prolongation des études conduites sur les sources manuscrites et imprimées en doctorat et en post-doctorat sur l’analyse des discours d’État sur l’État, ses procédures, les théories de légitimation de l’action souveraine. Ainsi, le projet est fortement tributaire des analyses de Denis Richet qui montre comment la monarchie est continuellement et ce de manière processuelle « au travail sur elle-même ». Spécialiste de cette approche que nous travaillons dans les gisements des sources écrites (de la pratique, discursive, réglementaire et théorique), nous nous proposons désormais de nous concentrer sur la représentation iconographique du pouvoir qui se pense et se donne à voir à lui-même, à la société administrative et à la société politique dans les images de toute nature, véritables objets politiques dotés d’une efficacité politique et sociale, inscrits au cœur des stratégies de propagande et de communication politique. Cette approche permet également de restituer plus finement quel est le périmètre de la fraction de la société politique que nous proposons de nommer société administrative. Cette société administrative a davantage recours à l’écrit politique que les autres membres de la société politique de la première modernité. Les acteurs, très divers, de ce groupe manifestent un ethos pré-bureaucratique dans leurs correspondances comme dans leurs mémoires. Le projet entend comprendre comment les stratégies visuelles de ces acteurs se déploient et manifestent ainsi leurs places et leurs positions socio-politiques dans les agencements gouvernementaux mouvants et mis en tension par les conflits de la première modernité. Trois enquêtes structurent le projet et la conduite de la recherche, en combinant les échelles en Europe et dans leurs possessions coloniales, du premier XVIe siècle au second XVIIe siècle : la première enquête porte sur la représentation des administrateurs de l’écrit politique – secrétaires, ministres et conseillers ; la deuxième enquête analyse la représentation des conseils, aux échelles urbaines et provinciales, comme les conseils centraux et curiaux, cérémoniels et souverains, en insistant sur l’iconographie de la prise de décision et sa matérialité ; la troisième enquête se fixe sur la représentation de l’administration encapsulée dans les représentations des cérémonies de l’information, les entrées urbaines, les festivités et spectacles civiques, les assemblées collectives et séance des états, provinciaux et centraux.


b. Projets collectifs

1. Les sources des renouvellements d’alliance entre le royaume de France et le Corps helvétique (Direction du groupe de recherche, en association avec Delphine Reguig, IUF Senior/Le Temps du roi, Université de Saint-Étienne/Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités)

À partir de 1516, la paix conclue entre François Ier et le Corps helvétique encadre les relations militaires et commerciales du royaume de France et des cantons, catholiques et protestants. Cette paix et ses dispositions sont l’objet d’un soin incessant tout au long de l’époque moderne. Le projet propose d’étudier les discours qui documentèrent les renouvellements d’alliance tout au long de l’époque moderne. Préparés par les historiographes du roi, les bureaux du secrétariat d’État des Affaires étrangères français ou les autorités cantonales, ces discours s’assignent trois objectifs : promouvoir la gloire du roi de France, arbitre de la paix d’une Europe en proie à de puissantes forces centrifuges, s’assurer de la poursuite du service étranger des mercenaires des cantons suisses, garantir que la puissance militaire de la Confédération ne sera pas mise au service d’un adversaire du royaume. Cette étude des sources discursives, textuelles comme iconographiques, permet de faire l’histoire des relations franco-suisse à l’époque moderne tout en montrant qu’au gré de chaque renouvellement d’alliance, les protagonistes actualisent les enjeux de la guerre et de la paix en Europe. Ces renouvellements, qui s’inscrivent dans une conception cyclique du temps, puisant aux sources d’un âge d’or, celui du Beau XVIe siècle, sont en réalité en prise immédiate avec les enjeux les plus contemporains, ceux de l’équilibre fragile entre puissances alliées et adverses.     L’étude des discours s’inscrit donc à la fois dans l’histoire des relations internationales, l’histoire des cérémonies et des spectacles mais aussi dans l’anthropologie historique, afin de déterminer comment sont perçues ces cérémonies de renouvellement par les contemporains, du premier XVIe s. à la Révolution française. Le projet, hébergé par le laboratoire IHRIM via la prof. Delphine Reguig (Saint-Étienne/IUF), vise à faire collaborer des archivistes français (Amable Sablon du Corail, directeur des sections médiévales et modernes des Archives nationales) et suisses (Arch. État de Fribourg, Soleure, Neuchâtel, Valais) ainsi que des universitaires en Suisse (Berne, Lausanne, Neuchâtel), France (Saint-Étienne, Tours) et Belgique (Liège, Bruxelles).


2. Anthropologie politique et religieuse de la parole à l’époque moderne (Co-direction du groupe en collaboration avec Monique Weis, professeure d’histoire moderne, Université du Luxembourg et Paul-Alexis Mellet, professeur d’histoire de la réformation, Université de Genève)

Les problématiques et les objets que se donne le groupe de recherche sont les suivants : dans un paradoxe tout à fait fascinant, la parole politique oscille entre profusion et rareté. Le pouvoir qu’elle détient provient de sa rareté et des mystères de sa forge. Son utilisation doit donc être parcimonieuse et, surtout, contrôlée. C’est ainsi que des stratégies communicationnelles et des acteurs institutionnels naissent ou se développent afin de maîtriser la production, la diffusion et la réception de la parole politique. Cependant, ils ne sont pas seuls détenteurs du Verbe et les crises successives qui secouent la première modernité encouragent une amplification des discours : l’opposition se multiplie en même temps que les pôles de production, l’imprimerie rend la diffusion plus aisée mais plus incontrôlable, et le pouvoir sacré de la parole souveraine est mis à mal par de nouvelles concurrences. Dans la gestion politique des crises, la parole est alors à la fois problème et solution. Le champ de recherche couvre l’Europe occidentale de la première paix de Cappel jusqu’au traité de Westphalie. Un intérêt tout particulier sera consacré aux pensées transversales et interdisciplinaires capables d’apporter à la question de la parole des réponses à la fois historiques et à la fois issues d’autres sciences humaines et sociales permettant de confronter différentes approches. Nous nous pencherons ainsi sur des sujets ciblés, afin de pouvoir rentrer dans le vif de cette parole jurée, profuse et mystifiée : par exemple, les préambules légaux et la manière dont ils introduisent les conjurés, les serments qui entourent les paix de religion, le règlement des conflits ou au contraire les déclarations de guerre, la promesse royale ou princière (qu’elle soit directe ou indirecte), les sermons de guerre, la traîtrise et l’abjuration, les savoir-faire administratifs liés à l’acte du don de parole, la matérialité de cette pratique, la force perlocutoire des mots jurés, l’iconographie du serment, ses évolutions et ses permanences. Le travail du groupe de recherche est scandé par des rencontres régulières. Deux colloques internationaux se sont tenus en 2022. Le premier colloque a eu lieu en février 2022 à l’université de Genève et avait pour thème « (Ab)jurer sa parole. Promettre la guerre et s’engager pour la paix ». Durant les différentes interventions, nous nous sommes intéressés à la parole promise et aux différentes formes que cet acte peut recouvrir (serment, charte, foi jurée, profession de foi, confession, menace, malédiction, etc.). S’interroger sur l’acte performatif qu’est le don de parole – comment jure-t-on et quelles sont les conséquences des mots prononcés ou signés ? −, c’est se questionner à la fois sur les modalités linguistiques, institutionnelles et rituelles qui sous-tendent cette pratique et, plus encore, repenser les liens de confiance et d’alliance, le capital symbolique mis en gage par les deux parties : qui jure, et pourquoi cette pratique revêt une telle importance dans la société d’Ancien Régime ? Le but de cette première rencontre programmatique revient à interroger les éléments constitutifs de la parole jurée, en particulier son media (l’oral, l’écrit ou des formes hybrides) et son effectivité. Deux questions sont centrales : comment est construite la promesse ? Qu’est-ce qu’elle produit en termes d’impact sur le présent et le futur de la situation d’énonciation ? Il est alors nécessaire d’interroger la source de la valeur du serment, les gages donnés pour les parties, mais également les acteurs (producteurs et/ou détenteurs de la parole). Ces « jureurs » peuvent s’engager pour eux-mêmes, mais aussi pour une entité plus large, puisque jurer implique non seulement un gage personnel mais aussi communautaire, soit collectif et gouvernemental. De ce fait, peut-être faut-il envisager l’acte de jurer comme le symbole de la convergence de volontés plurielles. D’une parole jurée, on peut ainsi mettre en exergue les ressorts d’un dispositif politique et religieux largement utilisé et persistant, par une déconstruction minutieuse des contextes et des pratiques, afin d’observer sa pluralité en tant que discours et idées. Cela nous amènera à considérer l’économie de la parole dans son écriture, sa proclamation, sa conservation et ses changements. Le second colloque s’est tenu à l’université du Luxembourg en septembre 2022 et s’intitulait : « En parlant, en écrivant. Complémentarité, concurrence et hybridation entre écrit et oralité dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles ». Le colloque a donné l’occasion au groupe de poursuivre ses travaux entamés à Genève sur les éléments constitutifs de la promesse et son effectivité à l’époque moderne, tout en déclinant de nouveaux aspects de ce vaste domaine de recherches. De manière plus spécifique, les communications ont porté sur les rapports complexes entre écrit et oralité dans l’Europe des XVIe-XVIIe siècles. Les deux modalités d’expression et de communication font l’objet depuis quelques années d’un intérêt renouvelé. Beaucoup de travaux récents sont ainsi consacrés aux « pratiques de l’écrit » dans les chancelleries, secrétaireries et autres bureaux, dans les officines et comptoirs de divers types, ou encore dans les institutions religieuses des principales confessions chrétiennes. Les ressorts de l’oralité ont quant à eux été remis à l’honneur par de nouvelles approches des cérémonies politiques et judiciaires, par le renouveau de l’histoire diplomatique et par des études pionnières sur la prédication. En revanche, les relations entre écrit et oralité ont été peu thématisées et analysées. Elles renvoient à des questions importantes liées à l’histoire de l’époque moderne et à ses sources. Comment s’articulaient les passages de l’oralité à l’écrit ? En situation de concurrence entre les deux modalités, comment se faisaient et s’expliquaient les choix ? Dans quels contextes l’oralité vient-elle dupliquer, conforter, compléter, modérer, voire concurrencer ou même contredire l’écrit ? Lorsqu’il y eut davantage de complémentarité, quelles furent les influences réciproques, notamment mais pas uniquement du point de vue formel ? Une attention particulière fut accordée aux phénomènes d’hybridation entre l’écrit et l’oralité dans différents domaines, périodes et contextes.


3. L’ordre du Saint-Esprit : un point d’observation de la fusion des groupes élitaires (participation au projet d’Agnès Bos, conservatrice en cheffe du patrimoine, Musée du Louvre)

Le projet sur l’ordre du Saint-Esprit vise à étudier les objets et les discours, les règlements et les pratiques de l’ordre fondé par Henri III en 1578 tout au long de la période moderne. Le point d’attention est celui de la fusion de groupe élitaire à la surface socio-politique distincte (aristocratie militaire, noblesse de service, financiers, administrateurs des bureaux des secrétaires d’État). L’intérêt de cette étude réside dans la faible attention accordée jusqu’alors à l’ordre du Saint-Esprit, à l’exception notable d’une thèse d’École des chartes rédigée par Lenaïg Payen de La Garanderie-Roumegou, désormais conservatrice aux Archives nationales. En collaboration avec Agnès Bos, conservatrice en cheffe du patrimoine au Musée du Louvre et ancienne conservatrice aux départements des Objets d’art, je souhaite étudier les volumes du fonds spécialisé sur l’ordre et les chevaliers qui le composent, c’est-à-dire la collection Clairambault, ainsi que plusieurs volumes des Pièces originales et du Cabinet des titres. La première destination des résultats de recherche réside dans une exposition en préparation au Musée des Augustins de Toulouse, institution patrimoniale qui conserve le tableau de Philippe de Champaigne intitulé Réception d’Henri d'Orléans, duc de Longueville, dans l'ordre du Saint-Esprit par le roi Louis XIII, le 15 mai 1633. En outre, un travail en cours d’identification de l’Évangéliaire de l’Ordre, conservé à la bibliothèque de Philadelphie (É.-U. d’Amérique du Nord) est en cours et doit faire l’objet d’une publication, en regard de l’édition d’un libelle anonyme de l’année 1589 intitulé Advis aux catholiques francois, sur l'importance de ce qui se traicte aujourd'huy, sur l'irresolution de quelques scrupuleux : ensemble et principalement sur les ruzes des politiques, atheistes, forgeurs de nouvelles, et aultres ennemys de Dieu.


4. Histoire et anthropologie de l’État (Co-direction du groupe de contact F.R.S.-FNRS en collaboration avec Manuel Cervera-Marzal, chercheur qualifié F.R.S.-FNRS en sociologie politique, Université de Liège)

Le groupe de contact F.R.S.-FNRS en histoire et anthropologie de l’État vise à rassembler les spécialistes de ces problématiques en Belgique francophone et à l’étranger. La vivacité du champ de recherche portant sur l’État, ses institutions saisies par les crises - politiques, de représentation mais également de confiance, de consentement ou de rejet dans l'exercice des droits civiques - et traversées par des stratégies concurrentes autant que complémentaires des différents groupes sociaux appelle une attention particulière. En effet, une interrogation de ces problématiques sur le temps long, en Europe comme dans les possessions coloniales des autorités publiques, permet de croiser les approches, à courte ou longue focales, sur des phénomènes qui ne furent jusqu’alors interrogés que de manière compartimentée, et bien souvent centrées sur une recherche des origines des formes de pouvoir moderne, du degré d’expertise et d’autonomie des différents acteurs institutionnels. L'ambition de ce groupe de contact est donc de décloisonner les approches issues de traditions épistémologiques diverses et ressortant de l'histoire, de l'anthropologie, de la sociologie, du droit, de la philosophie et des sciences du politique. Les travaux que se proposent le groupe de contact doivent ainsi rendre raison de la construction complexe et processuelle des structures d’exercice du pouvoir, de la souveraineté et de la participation politique, de la domination et de la violence organisée sur des territoires et des populations. Les interactions entre les structures publiques et les organisations corporatives, territoriales, partidaires seront également au cœur de nos interrogations. La dimension symbolique de l’État au travail sur lui-même, sur ses procédures et ses normes, comme la promotion et la diffusion de conceptions politiques qui encadrent et promeuvent son action seront interrogées, en usant des apports de l’histoire culturelle du politique et de l’histoire sociale des idées politiques. C’est enfin à une histoire pragmatique de l’État et des constructions politiques modernes que nous souhaitons parvenir, en interrogeant les jeux de concurrence et de complémentarité institutionnelle entre des groupes sociaux divers, en opposition factionnelle ou en collaboration stratégique et programmatique pour parvenir à gagner des positions ou à ne pas les perdre en situation de conflits de forte comme de basse intensité, de mobilisations et de luttes sociales et politiques.


5. Édition des Mémoires de Villeroy (en collaboration avec Damien Fontvieille, archiviste-paléographie, attaché temporaire d’enseignement et de recherche, Université Bordeaux-Montaigne)

Les Mémoires de Villeroy offrent un regard sur la fin du XVIe siècle français, mais aussi le premier témoignage d’un ministre du souverain. L’auteur, Villeroy, est un homme à la longévité politique exceptionnelle, et un témoin précieux de son temps. Outre une abondante correspondance, Villeroy a aussi laissé ce que l’on connaît sous le titre de Mémoires et qui correspondent à plusieurs écrits destinés à justifier sa conduite à compter de 1588, et son engagement dans la Ligue. La plus grande part de ces Mémoires, formée par les deux pièces les plus longues, les deux apologies, est consacrée à l’engagement ligueur, de 1588 à son retour. Le récit évoque, certes, les débuts de Villeroy, mais se consacre avant tout à la période de crise qui s’ouvre avec les débuts de la Ligue, en 1585, avec, en particulier, un long développement sur l’année 1588-1589. Villeroy y détaille la manière dont il s’est efforcé de parvenir à la paix, mais cherche également à comprendre les raisons de sa disgrâce, tout en se posant en homme de bien. Dans la seconde apologie, il justifie son engagement ligueur et le récit s’arrête en 1591, à la prise de Château-Thierry. Le reste des Mémoires est composé de pièces de circonstances : un avis de Villeroy au duc de Mayenne après la mort de Henri IV publié à Paris en 1589, une harangue de Villeroy aux États de 1593, une lettre au duc de Mayenne du 2 janvier 1594, une lettre à Bellièvre du 17 mars 1596, et un manifeste de Villeroy à l’occasion de la trahison de son commis, Nicolas L’Hoste, en 1604. Ce sont donc plusieurs textes de circonstance qui ont été regroupés pour former des Mémoires, et qui ne forment pas une unité autre que chronologique et lié à son auteur. La première édition de ces Mémoires a été réalisée en 1622. Le volume est imprimé à Paris, sous le titre « Memoires servans a l’histoire de nostre temps », et est adressé à Alexandre de Faucon, premier président de la cour du Parlement de Normandie par Tanneguy Du Mesnil Basire, avocat de la chambre des comptes de Rouen. Le volume comporte les six textes mentionnés ci-dessus. L’édition conservée à la bibliothèque nationale de France comporte, aux marges, des ratures, que l’éditeur postérieur de 1822 avait estimé être des corrections faites d’après les manuscrits originaux, et les avait suivies. Ces corrections sont la plupart du temps de pure forme, et ne changent pas en profondeur le sens du texte, sauf à de très rares cas. Les Mémoires ont ensuite été réédités à plusieurs reprises, augmentés de plusieurs pièces, jusqu’à une édition en 1822, par Petitot, dans le cadre des Mémoires relatifs à l’histoire de France. L’édition mérite néanmoins une reprise scientifique importante, en suivant les normes actuelles pour l’établissement du texte comme pour les identifications. Deux éléments de l’apparat critique viendront former comme une nouvelle biographie en contexte de l’auteur et du personnel des bureaux du secrétaire d’État : une longue introduction biographique et un dictionnaire prosopographique des personnes citées.


Domaine de recherche

  • Histoire des temps modernes
  • Histoire politique
  • Institutions internes des états
  • Iconographie
  • Paléographie - archivistique
  • Anthropologie de la communication
  • Sociologie politique

Fonctions ou mandats

  • Représentant élu de la Faculté de Philosophie & Lettres au Conseil du Corps Scientifique (CCS) de l'Université de Liège
  • Membre du conseil scientifique de l'UR Transitions
  • Secrétaire du groupe de contact F.R.S.-FNRS « Histoire et Anthropologie de l'État », avec Manuel Cervera-Marzal (FNRS/ULiège)
  • Membre du comité de pilotage du groupe de contact F.R.S.-FNRS « ModerNum. Réseau des modernistes francophones de Belgique »



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